Chasseur de légendes 85
Journal de bord d'un chasseur de légendes
Chapitre 85
Les Sirènes de la Dordogne
En sillonnant la vallée de la Dordogne, on
peut s'appercevoir que bon nombre d'endroits
ont su conserver une aura de mystère, certains
lieux ont même la réputation d'êtres hantés, il
faut dire que le décors s'y prète avec ses châteaux
perchés en ruines, ses falaises abruptes donnant
sur des berges sauvages et puis il y a ces petits
villages quasi coupés du monde donnant sur des
univers étranges à la limite du nôtre, celui qui nous
parle au plus profond de notre être, celui qui nous
appelle telle une sirène enchanteresse nous
ensorcelant de son chant divin.
Des sirènes, on en entends parler dans le
coin, certes il s'agit d'histoires et de contes
intemporels dont on ne peut deviner les origines.
Nombreuses sont les créatures à peupler et
hanter le paysage français, les dames blanches,
les fantômes, les loup-garous, les vouivres, la bête
du Gévaudan ou encore le redouté ankou. Mais force
est de constater que les récits de sirènes sont
plutôt rares chez nous, prenant vie dans les eaux
méditerranéennes ou scandinaves avant de déménager
jusqu'au fin-fond des Caraïbes, les sirènes qu'elles
soient bénéfiques ou maléfiques, ne se bousculent
pas au portillon, sauf peut être à celui de la
Maison de la Sirène à Collonges-la-Rouge.
Il faut dire que Collonges est une ville
suréaliste, nichée dans son vallon, entièrement
construite de briques rouges, c'est un lieu
enchanté qui charme tous les visiteurs qui
ont eu l'audace de s'y aventurer, certains se
perdent dans les ruelles poupres du villages pour
se retrouver à chaque fois devant la Maison de
la Sirène. Curieuse est cette sirène si loin de son
cours d'eau, peut être vit t'elle dans un ruisseau
voisin ou bien dans une source ou encore une
rivière souterraine. Mais passons ces élucubrations
tout droit sorties de mon imagination pour passer
voir la vierge rouge de Collonges.
Collonges dégage des energies très puissantes
qui vous touchent au plus profond de votre
être, il s'y dégage une force peu commune,
quelque chose de peu anodin qui vous maintient
en osmose avec les esprits des lieux. Il faut dire
que le décors y est pour quelque chose, et tel
une sirène vous happant dans ses filets, vous
semblez prisonnier du village de pierres rouges.
Mais ce n'est pas le seul endroit ou un tel
phénomène peut se produire, allons du côté de
Beaulieu-sur-Dordogne.
Peut être l'aurez-vous remarqué sur la
photo, mais on peut appercevoir la même
sirène juste au dessus de la fenêtre du bas,
la sirène semble revêtir une importance toute
particulière en Corrèze et la Dordone étant toute
proche, il ne serait pas étonnant de découvrir
des récits de pêcheurs ayant pour sujet ces
étranges créatures, mi-femme et mi-poisson. Cette
sirène est le fameux détail qui m'avait troublé en
allant vers l'église de Beaulieu, après avoir admiré
cette superbe vierge à l'enfant, noire comme
l'ébène, je me suis mis à éprouver la même
sensation qu'à Collonges mais aussi à Carennac,
ce magnifique village du Lot un peu plus au sud.
En effet, à Carennac, la même énergie se
dégage de certains endroits de la ville, il faut
dire que nous sommes tout proche de la rivière
et que le ruisseau se jetant dans le cours d'eau
conférer à l'aspect des lieux, une aura toute
particulière. Je pensais aux sirènes, pourquoi
Carennac ? Je n'en savais rienmais je me plaisais
à imaginer cet endroit comme le repaire d'une
ou plusieurs de ces créatures. Après tout, le
village avait par endroit, l'aspect d'un petit port
dont le court d'eau asséché avait obligé les
habitants à se tourner vers d'autres activités.
Carennac est un lieu hautement chargé, je n'ai
pas vraiment fait allusion à ce détail lors de mon
précédent article sur le village, mais il se dégage
quelque chose de très fort en ces lieux. Les vieilles
pierres, l'église, le château et la rivière, sans doute
tous ces éléments ont contribués à rendre les
énergies de la ville palpables. Comme si nous nous
trouvions dans un gigantesque temple dédié à quelque
puissance que ce soit. Carennac me fît penser à Carnac
dans le Morbihan, par ses pierres, son nom et ses énergies.
Il y avait encore tant à voir dans le coin pour essayer
d'en décrire tous les mystères, rien que dans le
département de la Dordogne, on pouvait encore se
rendre dans la bastide hantée de Brantôme, les
châteaux hantés de L'Herm, Lanquais et Puymartin.
Dans le Lot, il nous manquait les alignements
mégalithiques de Puy-l'Evêque et enfin, en
Corrèze, nous aurions pû pousser jusque
Brives-la-Gaillarde et le mystère de ses
fondements. En y repensant, sur la route du
retour, nous n'avions que peu de monde et plus
de temps, l'exploration du village fantôme
d'Oradour-sur-Glanes aurait été extraordinaire,
de même que les fouilles de Limoges et de
lieux aux anecdotes forts mystérieuses.
Mais telles des sirènes nous appellant vers
d'autres légendes, d'autres contrées et
d'autres mystères nous nous devions de ne pas
succomber à la tentation de cette région qui
criait notre départ et réclamait notre retour.
Les sirènes se tûrent une dernière fois, retournées
sonder les fonds de la Dordogne tandis que
remontions tranquillement vers la capitale.
Peut être appellons nous ça, la sagesse.