Chasseur de légendes 82
Journal de bord d'un chasseur de légendes
Chapitre 82
Les Sorcières au Musée
Hier, se déroulait le dernier jour de l'exposition
consacrée aux sorcières, au musée de la
Poste, dans le XVème Arrondissement de Paris.
En temps normal, je publie ce genre d'article dans
les évènements mais j'ai décidé de vous conter la
visite comme une de mes "chasses" habituelles.
Rafflant la place aux légendes du Lot, je me devais
de vous présenter cette exposition rapidement alors
qu'elle s'achève depuis peu. Nous allons entrer dans
ce qui est selon moi, l'un des quartier les plus mystérieux
du XVème, situé non loin du cimetière du Montparnasse
et à l'ombre de la gigantesque tour du même nom qui se
dresse, telle une tour de Babel, au milieu des histoires
loufoques, des anecdotes grotesques et des légendes
urbaines qui se mèlent et s'entremèlent au milieu des
rues et des avenues parisiennes.
Nous arrivons, mon ami et moi au musée de la
Poste, méconnu du grand public et pourtant si
original dans sa manière de le visiter. Nous atteignons
le premier étage, les photos sont interdites, ça
commence mal. C'est pourquoi j'ai décidé de prendre
quelques clichés du livre de l'exposition que je me suis
offert à la boutique du musée. Un grand panneau
d'introduction nous accueille à l'entrée, c'est parti.
La première salle est consacrée à l'imaginaire
de la sorcellerie, des tableaux sur le sujet
nous montrent le réalisme de l'époque quant
à la description des sabbats et de la sorcellerie.
Il faut dire qu'à l'époque, l'affaire était
prise très au sérieux, les sorcières et autres
diseuses de bonne-aventures étaient traquées,
jugées et enfermées quand ce n'était pas purement
tuées au bûcher. Le couloir se prolonge et nous
montre la sorcellerie au cinéma avec quelques
vieilles affiches d'époque, une petite salle nous
propose même de visionner le sabbat d'un film
documentaire en noir & blanc, Heksen réalisé en 1920.
Le couloir semble contourner une salle
circulaire, la partie traitée est la chasse aux
sorcières et nous décrivent le côté historique
de la chose, balance de la sorcière utilisée lors
des jugements, pages exposées décrivants les
exorcismes, les procès et autres choses. La salle
circulaire nous présente toute une série de tableau
narrant la vie de la sorcière, des pratiques occultes
au jugement en passant par le sabbat et les sévices.
Au centre de la pièce se dresse une grande dalle
circulaire nous montrant le bouc satanique dans une
étoile à cinq branches renversée, le symbôle de la
magie noire. Ce bouc est parfois appellé Baphomet,
dieu de l'ancienne Mésopotamie souvent relié au
Diable comme le fûrent Baal et Abaddon.
Car quand on parle de sorcière, on parle aussi
de malin, c'est pourquoi le diable et ses démons
sont aussi représentés sur certains documents
ou d'autres toiles. Des instruments de torture de
l'inquisition et de milice civiles sont décrites et
parfois exposées, on nous montre mêm quelques
ustenciles utilisées par les sorcières dans leur
taches quotidienne. Le dernier grand coulor plus ou
moins découpé en deux est consacré aux pratiques
magiques, animaux (chats noirs, chouettes, serpents,
corbeaux, etc...), pierres, plantes, matériaux, grimoires,
formules, fétiches et autres reliques sont dévoilés
au public, du plus rigolo au plus effrayant.
Et là, on découvre les plantes hallucinogènes
et les poisons tels que la belladone, la métadone
ou l'arsenic, les pierres à venins, les phalus de
fertilisation, les poupées et représentations de
démons, les os humains ou animaux, des
documents sont là pour nous décrire la pratique.
Des grands classiques sont désignés comme Le
Petit et le Grand Albert, les Clavicules de Salomon
ou encore les traités sur la divination. Je possède
quelques éditions de ces ouvrages et il est question
de magie par les plantes, par les éléments, et toute
sortes de pratiques divinatoires comme la chiromancie
(les lignes de la mains), les tarots et autres cartes, le
marc de café, les entrailles animales, les pendules
ou encore d'autres techniques usant de la numérologie.
Nous avons aussi quelques objets liés aux
pratiques d'envoutement ou d'exorcisme ainsi
qu'une petite collection de cartes en tout genre
dont le fameux tarot de Marseille ou encore le
tarot divinatoire., je reste un moment dans cet
endroit, quitte à revenir en arrière pour lire les
grandes affaires de sorcellerie (Loudun, Les
Poisons), d'exorcisme et quelques autres
renseignements sur la démonologie parfois liée
à la sorcellerie. On parle souvent de femmes
qui ont été souvent, il est vrai, assimilées aux
sorcières, la gent féminine était plus souvent
persécutée que la masculine mais n'allez pas
croire que les sorciers n'avaient pas aussi leur
place, qu'ils soient voyants, rebouteux louches
ou magiciens obscures, ils finissaient eux
aussi sur le bûcher.
L'exposition se terminait par la salle "Chez
Mme P", l'une des plus célèbres sorcières de
France, réputée et redoutée, faiseuse d'ange
tout comme La Voisin, envouteuse et guérisseusse
à ses heures perdues, son chez elle nous faisait
froid dans le temps avec ses statuettes, ses
fétiches et ses masques à l'éffigie du diable.
Les sculptures macabres et malsaines contribuaient
à rendre l'atmosphère encore plus opressante.
Je fît un dernier tour avant de m'engager vers le
hall d'entrée pour aller visiter le musée de la Poste.
Il serait dommage de ne pas en toucher quelques
mots surtout quand nous devions atteindre le
septième étage à pied pour commencer la visite...
qui ne débutait en fait qu'au cinquième, bizarre.
Des origines de la Poste à celle de nos jours
en passant par la marine, l'aviation, la télégraphie
ou encore les coursiers de tout âge, nous devions
descendre et encore descendre, il y régnait
une chaleur étouffante, parfaitement explicable
mais qui me fît penser à une descente aux
enfers, plus nous descendions et plus il semblait
faire chaud, la fatigue commençait à pointer,
aussi nous visitions rapidement l'exposition sur
les coulisses du film d'animation (très interessante
au passage). L'arrivée dans le hall d'entrée fût
comme une délivrance, à nouveau il faisait plus
frais, le temps de respirer un bon coup et nous
foncions à la boutique.
Je restais un moment dans la boutique, le temps
de contempler la petite collection de livres dédiés
aux sorcières, il y avait les récents "Traité de
Sorcellerie" et "Traité des Arts Divinatoires" par
Edouard Brasey et tous deux édités sous forme
de grimoire "modernes". Possédant déjà ces deux
ouvrages, je vis deux noms que je connaissais bien,
Claude Arz avec deux livres, l'un sur la sorcellerie
illustrée (visant un public relativement jeune) et
un autre que je posséde également "Voyages dans
la France Mystérieuse", l'autre nom étant Arthur
Miller dans le livre "Les Sorcières de Salem" nous
narrant le procès et le contexte de l'époque,
j'hésitais et puis je passais pour me procurer
"Sorcières, diables et bûchers en Franche-Comté".
La Franche-Comté étant le pays des sorcières
et des loup-garous (avec l'Auvergne et la
Normandie) en France, possédant très peu
d'ouvrages sur le sujet et sur la région, je
décidais de me le procurer. J'optais ensuite pour
le livre de l'exposition, complet et bien illustré, à
l'image même de la dite exposition. Et puis j'en
avais besoin pour mon article, surtout que les
photos étaient interdites.
Nous ressortions du musée satisfait, pas
d'entrée trop honéreuse, pas de file
d'attente, pas de bousculades dans les
salles, de bonnes affaires en boutique et
une visite complète et interessante. Je relisait la
documentation que j'avais pû prendre quelques
temps auparavant, je lisais qu'une visite guidée
était possible, ainsi qu'un atelier était réalisé sans
oublier la visite contée pour les enfants qui narrait
les deux histoires de petites filles, Lina et Adèle
(spéciale dédicace à Miss Prickly et son héroïne
"diabolique" qui voulait voir à quoi ressemblait
cette exposition), considérées comme des
sorcières. En quittant le quartier, je me demandais
que si ma différence, ma passion pour le surnaturel
et les diableries ou encore mon humour noir, ne
faisait pas de moi, un sorcier finalement.