Chasseur de légendes 61
Journal de bord d'un chasseur de légendes
Chapitre 61
Les falaises hallucinées
C'est une histoire qui remonte à loin, ma première
et dernière visite du port d'Etretat (76) remonte à
2002, il y a donc de cela huit ans et autant l'avouer
de suite, je n'étais pas plus interessé que ça par la photo
à cette époque, j'ai commencé doucement en 2004 et
en 2005 pour vraiment m'y investir à partir de 2006.
Ma connaissance des légendes et des mystères était
également des plus réduites, du coup je suis passé à
côté de bon nombre de choses à ce moment là.
Pour mes premiers essais en matière de photo, il n'y
avait rien de vraiment concluant, je préférais observer
avec mes yeux et laisser l'appareil aux bons soins de
mon père qui s'échinait à prendre un cliché correct de
la célèbre falaise d'Amont. Pourquoi célèbre ? Pour
son arche et son aiguille creuse pardi, cette fameuse
dont qui renfermait le trésor des rois de France dans
le roman de Maurice Leblanc : L'aiguille creuse et
métant en scène l'incroyable Arsène Lupin.
A l'époque, j'avais déjà eu vent du récit de
Maurice Leblanc, mais je ne savais pas que le
site avait aussi inspiré Gustave Flaubert et Guy
de Maupassant (j'ai découvert cela grâce à la
lecture du Horla quelques mois plus tard). Bien
sûr, bon nombre de peintres sont venus peindre
les falaises tel Claude Monnet, les voir en vrai
procurait un sentiment des plus réjouissant, la
falaise d'Aval et son arche m'intriguait beaucoup.
Mais c'est bien du côté de l'aiguille que mes yeux
s'attardait le plus longtemps, j'ai découvert quelques
temps plus tard, que cette partie de la falaise était
hantée par les fantômes de trois jeunes femmes qu'on
appellait Les Demoiselles. Elles auraient été aimée par
le seigneur du coin, le chevalier de Fréfossé. Ce bougre
s'était éperdu des trois jeunes filles et ambitieux et
malin comme il l'était, il s'était dit, pourquoi ne pas
les prendre toutes les trois...
Les bonnes manières lui faisant quelque peu
défaut, il décida de les enlever, mais comme les
trois jouvencelles se refusèrent à son amour, il décida
de les emmener sur la falaise pour les jeter dans le
vide après les avoir enfermé dans des tonneaux cloutés.
Chose qu'il fît en bon gentleman qu'il était, C'est après
ce tragique évenement que la légende pris une tournure
surnaturelle, on raconte que les fantômes des trois
demoiselles apparûrent au sommet de la falaise en
chantant des hymnes funèbres, on raconte qu'elles
suivîrent le seigneur chaque fois qu'il osait quitter sa
demeure, et ce, jusqu'à sa mort, emporté par la
vengeance spectrale des trois martyres.
Cette légende prît fin à la mort du chevalier, je ne
connaissais pas du tout ce récit lors de ma venue à
Etretat, depuis je peste contre la qualité de mes
photos, j'aimerai y retourner et réaliser quelques
clichés, voir ce Trou-d'Homme mystérieux qui
abriterait toute sorte de fées non loin de la falaise
d'Aval, cette immense grotte ensablée, il ne faudra
pas s'y aventurer trop loin car il parait qu'on n'en
reviendrait pas. Bien sûr il me faudra affronter ma
peur du vide, chose qui me terrifie plus que le chant
des demoiselles venu du fin-fond de l'écume des
vagues fracassées sur ces falaises légendaires.